Y a-t'il un âge pour l'orthodontie ?

ADF Nov 2001
Professeur M.J BOILEAU

La nomenclature de la Sécurité sociale, en indiquant un âge limite pour le début des traitements d’orthodontie pris en charge, a longtemps imposé la notion d’un « âge orthodontique ». Aujourd’hui, pourtant, le développement des techniques et des matériaux permet d’envisager de l’orthodontie « de 0 à 99 ans ! » Il n’y a pas d’âge pour l’orthodontie, mais plutôt des âges pour l’orthodontie et plus encore une orthodontie pour chaque âge. Après avoir évoqué dans une première communication les facteurs biologiques et psychologiques spécifiques des différentes étapes de la vie et leur influence sur les décisions orthodontiques, les trois autres communications présenteront les possibilités, les limites et les particularités de l’orthodontie de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte.

En denture mixte l’orthodontie peut par des gestes simples jouer un rôle essentiel dans la morphogénèse des arcades. L’âge orthodontique idéal est l’âge de la denture adulte afin de respecter certains principes d’ancrage. Plus spécifiquement il y a un âge par dysmorphose.
Les malocclusions de classe III pourront faire l’objet d’une attention orthodontique à chaque journée de croissance.
Les malocclusion de classe II seront traitée en continuant l’orthodonte à l’orthopédie au moment du pré-pubertaire.
L’orthodontie sera différée en fin de croissance pour les traitements relevant de la chirurgie. (Dr. François DARQUE)

L'orthopédie très précoce est en pleine évolution. En effet, elle répond au besoin de développer une médecine préventive des dysharmonies dento-faciales (70% des enfants sont dénombrés aujourd'hui par l'UFSBD comme porteurs de malocclusions dentaires) et des pathologies associées. En effet, les malocclusions dentaires sont rarement isolées, mais souvent associées à des dysfonctionnements de la sphère ORL ou de la posture et de la statique.
En réharmonisant les structures osseuses, cette orthopédie rééquilibre la fonction de mastication, corrige les mauvaises habitudes fonctionnelles et modifie la croissance générale de l'enfant. La bouche est une porte d'entrée sur un vaste réseau biodynamique cranio-facial : des forces appliquées sur le maxillaire ou la mandibule induisent à distance des remodelages osseux basicrâniens.
Cette orthopédie, faite avant l'âge de 6 ans, ne saurait cependant exister sans le concours des omnipraticiens. Leur rôle est fondamental pour dépister, conseiller, informer les parents. En effet, en avant-garde de la thérapeutique, il y a le problème essentiel du dépistage précoce. Nous verrons que l'examen de l'occlusion en denture temporaire révèle très facilement les premiers signes d'une dysharmonie sagittale, transversale ou verticale.
On apprendra à se méfier des bouches trop petites, trop cuspidées, témoignant d'une mastication molle ou d'un hypo-développement source d'un encombrement à l'arrivée des premières incisives permanentes. Il n'est jamais trop tôt pour délivrer aux parents des informations concernant les fonctions oro-faciales. Ainsi le dépistage des respirations buccales est autant de la responsabilité de l'omnipraticien que du spécialiste. Il ne faut pas attendre pour motiver l'enfant à cesser une habitude néfaste (telle la succion d'une tétine) ou pour l'engager dans un processus thérapeutique.
Certes la maîtrise des appareillages en denture temporaire est bien particulière et doit être confiée à l'orthopédiste ; mais l'enfant aura déjà connu chez l'omnipraticien un accueil privilégié et une mise en confiance qui sont les gages d'une réussite thérapeutique. (Dr. Marie-Josephe DESHAYES)

L’orthodontie peut s’envisager à tout âge, mais l’orthodontiste doit adapter son traitement aux caractéristiques spécifiques de chaque étape de la vie et choisir, quand cela est possible, l’âge optimal de traitement.
L’âge apparaît comme un facteur majeur dans les décisions thérapeutiques car il influence :

- les conditions biologiques du traitement :
  • la croissance résiduelle, qui permet ou non une thérapeutique orthopédique mais aussi guide le choix de la contention ;
  • les conditions parodontales, qui modifieraient la biomécanique des déplacements dentaires et imposent en cas de parodonte réduit, des compromis thérapeutiques ;
  • les possibilités d’adaptation neuro-musculo articulaire.
- les conditions psychologiques : les différentes contraintes du traitement orthodontique sont vécues différemment par l’enfant, l’adolescent ou l’adulte.

En fonction de l’étiologie de la dysmorphose et de sa sévérité, la prise en compte de ces différents paramètres permet de choisir le moment optimal de traitement.
Nous tenterons donc de clarifier les différents caractères spécifiques aux différentes étapes de la vie en essayant de montrer leur influence sur la décision thérapeutique en orthodontie. (Dr. François DE BRONDEAU)

A l'âge adulte, l'orthodontie n'est pas facile, le patient doit surmonter différents obstacles, psychologiques d'abord, qu'il évalue en fonction de sa personnalité.
Puis il doit accepter le plan de traitement proposé par le praticien qui laisse peu de place à la négociation en fonction de l'importance de l'anomalie à traiter et surtout de l'état dento-parodontal.
D'autres contraintes, prothétiques parfois chirurgicales, peuvent se rajouter, autant de raisons pour privilégier l'explication, la communication, mais laisser toujours au patient le sentiment que rien ne lui est imposé. (Dr. Etienne Bardinet)

Les traitements orthodontiques pré-prothétiques de l'adulte peuvent conduire à des situations occlusales instables aggravant les risques de récidives inhérents à tout déplacement dentaire.
Ce risque est majeur pour la région incisivo-canine et s'accompagne de préjudices esthétiques sévères.
La responsabilité de ces récidives est souvent le fait de l'abrasion, dentaire ou prothétique, apparue progressivement au cours de la vie, nous pourrions dire sournoisement.
L'abrasion crée, localement ou à distance, des dysharmonies dento-dentaires tridimensionnelles dont la correction ou la compensation peuvent être difficiles à atteindre et maintenir, même dans le cadre d'un traitement multidisciplinaire, orthodontique et prothétique.
Les récidives sont liées autant aux conditions du traitement orthodontique qu'aux difficultés de reconstructions prothétiques, provisoires puis définitives.
Cette analyse des récidives des traitements orthodontiques et prothétiques de la région antérieure incite certainement à la prudence thérapeutique et à la nécessité d'un plan thérapeutique multidisciplinaire bien coordonné. (Dr. André PUJOL)

Conferenciers
DR FRANCOIS DE BRONDEAU - A chaque âge son orthodontie
DR EMMANUEL GARNIER - A chaque âge son orthodontie.
DR ANDRE PUJOL - De la maturité à la sénescence : l’orthodontie dans les traitements pluridisciplinaires.
DR FRANCOIS DARQUE - De 8 à 18 ans, l'âge orthodontique par excellence
DR MARIE JOSEE BOILEAU -
DR ANNE MARIE DUHART - De la naissance à l’âge de raison : l’orthopédie très précoce et l’interception.
DR CEDRIC BAZERT - De 8 à 18 ans, l’âge orthodontique par excellence.
DR MARIE JOSEPHE DESHAYES - De la naissance à l'age de raison : l'orthopédie très précoce et l'interception
DR ETIENNE BARDINET - De la maturité à la sénescence : l’orthodontie dans les traitements pluridisciplinaires.

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